Éditeur : Electronic Arts
Développeur : DICE
Sortie : 27 octobre 2011
Que ce monde est hypocrite. Alors que les têtes pensantes de nos pays fustigent la violence et le réalisme des situations dans les jeux vidéo, on nous balance à n'importe quelle heure de la journée les images absolument ignobles de la capture et de la mort de Kadhafi. Qu'il soit neuf, seize ou vingt heures, ces vidéos épouvantables ont fait la une de l'actualité durant plus d'une semaine, sans que les parents n'aient le temps de changer de chaîne ou d'écarter les enfants. Car oui, en tant que jeune papa, je n'imagine même pas les conséquences que peuvent avoir de telles scènes sur l'inconscient de nos chères têtes blondes. En revanche, de l'inconscience, les médias et le CSA n'en manquent pas. Certes, ces images sont hautement historiques et ont une grande valeur, mais qu'on ne vienne pas me dire qu'il n'est pas possible d'agir autrement. Après tout, on nous balance bien des émissions de jeux vidéo tronquées de leur partie 18+ en pleine journée. Ce monde est délibérément hypocrite. Tout ça pour dire que Battlefield 3, le grand concurrent de la manne financière que représente Call of Duty, est désormais disponible et frappe un grand coup. Si les FPS sont devenus légion, rares sont ceux à faire autant d'ombre au monstre d'Activision. Les Suédois de DICE ont instauré un gameplay moins arcade, probablement beaucoup plus réaliste, tout en étant accessible. Ce titre était attendu, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il ne déçoit pour rien au monde.
Sans révéler trop de détails du scénario, sachez que celui s'avère mieux ficelé et surtout plus réaliste que celui du dernier Call of Duty par exemple. La première séquence débute, tambour battant, alors que vous poursuivez l'antagoniste principal de l'histoire. Le rythme très relevé de cette phase (qui se passe dans un métro lancé à vive allure) pose les bases de ce que seront les 6/7 heures du mode solo qui vous attendent. Si la trame s'appuie sur le témoignage du Sergent Blackburn, on est amené à prendre le contrôle de plusieurs personnages clés des évènements dépeints dans Battlefield 3. En agissant de la sorte, DICE est parvenu à développer une intrigue intéressante et surtout une variété étonnante. Rarement le rythme a été aussi soutenu dans un FPS ! Vous avez pu voir dans le trailer qu'il y a des phases en avion de chasse (époustouflant d'immersion), en tank, dans un blindé de l'Armée Américaine et bien d'autres. Battlefield 3 enchaîne les scènes d'action avec cohérence, si bien qu'on est happé durant toute l'aventure. Il faut dire que la réalisation y est pour beaucoup.
Au coeur du conflit
Immersion est le mot qui revient le plus lorsqu'on joue à Battlefield 3. On a tout simplement l'impression d'y être, là où Call of Duty ose le spectaculaire à outrance, comme si on regardait un bon vieux blockbuster américain. Dans mon test de Medal of Honnor, j'avais parlé d'une œuvre plus "intimiste". C'est un peu la sensation que j'ai redécouvert avec le titre de DICE. L'ensemble est tout simplement beaucoup moins arcade, et il faut pas mal de cran pour s'en sortir dans la difficulté la plus élevée. On rigole beaucoup moins lorsqu'on se retrouve face à une plaine à perte de vue, avec des bombardiers russes qui lâchent des parachutes par dizaine à l'horizon. Là, on se tourne vers ses collègues et on se rend compte qu'on n'est qu'une poignée d'hommes.
Voyage, voyage
Battlefield 3 ose le spectaculaire mais n'en fait jamais trop, et mesure toujours la portée des effets spéciaux, comme le tremblement de terre à Téhéran, la fusillade en plein cœur de Paris, le bombardement de véhicules ennemis, la menace d'un avion de chasse adverse collé à vos basques… en un mot comme cent, on en prend plein la gueule, grâce à des couleurs magnifiques, une profusion de détails (sur 360, il est plus que préférable d'installer le pack HD pour les textures), des décors variés et impressionnants de profondeur et surtout des animations criantes de réalisme. Il suffit de voir les soldats débouler devant vous, prendre l'angle d'un couloir, se coucher, se mettre à couvert, pour comprendre qu'on se trouve dans la cour des grands, des très grands. Et que dire des effets spéciaux qui sont juste splendides, notamment les explosions et les fumées incroyables de beauté. Mention spéciale également pour l'interactivité avec ce qui vous entoure. Certes, les missions sont loin d'être toutes aussi passionnantes les unes que les autres (les QTE n'ont pas été oubliés), mais l'ensemble est de qualité et il serait dommage de s'en priver. La partie solo n'a pas été délaissée, bien au contraire, même si la fin est terriblement décevante car très abrupte.
Du classique sans génie
Pour le reste, le gameplay reste classique. Il est possible de se mettre à couvert, de s'accroupir, d'utiliser différents types de visées (thermique, zoom de sniper…) et le pointeur est paramétrable selon votre bonne volonté. L'arsenal proposé est assez convaincant, même s'il est assez rare de se retrouver avec une grosse pétoire. Battlefield 3 n'en fait jamais trop. Si vous avez terminé l'aventure principale, sachez que 6 missions (2/3h de jeu en plus) sont intégrées dans le mode Coop'. Dommage que celui-ci ne soit disponible qu'en ligne, aucun écran splitté n'est proposé.
Escouade entre potes
Mais ce qui fait la force des Battlefield, c'est bien entendu le multi ! Sur consoles, 24 joueurs peuvent prendre part simultanément à une bataille (64 sur PC). On retrouve ce qui fait la force d'un Battlefield 2, avec ses véhicules, son ambiance si particulière et ses environnements très ouverts (certains sont néanmoins plus restreints en taille afin de faire plaisir aux amateurs de petites zones). On ne peut d'ailleurs qu'apprécier le formidable level design de ces 9 maps inspirées. Chaque carte profite de plusieurs zones, aux aspects bien différents. Sur Paris, on passe pêle-mêle d'un parc à la ville ou encore le métro. La manière d'appréhender l'environnement fait incontestablement la force de ce Battlefield 3. Il n'y a plus qu'à espérer que les kikoolol ne viennent pas détruire la tactique d'une série telle que Battlefield. Logiquement, ça sera moindre que dans Call of, car le côté arcade est bien moins prononcé. Evidemment, on retrouve la possibilité de prendre le contrôle de nombreux véhicules : avions de chasse, hélicoptères, bateaux jeeps, tanks et il y a même du base jumping. Pour boucler la boucle, sachez que le jeu propose plusieurs classes de soldats : assaut, médecin, ingénieur ou encore support, il faut au moins ça pour vivre l'expérience qu'offre cette petite bombe qu'est Battlefield 3. Les 5 modes de jeux multi sont également les bienvenus pour varier les plaisirs. Autant d'objectifs qui diversifient une action intensive, sublimée par une bande sonore à tomber à la renverse. Un énorme travail a été effectué sur les différents bruitages.
Inutile de s'étendre plus longtemps sur la pépite de DICE : Battlefield 3 est l'un des jeux de l'année et les joueurs du second volet vont retrouver toutes leurs sensations. Spectaculaire tout en étant accessible, ce jeu est un indispensable et Call of Duty va avoir fort à faire. Le duel est lancé… les joueurs n'ont plus qu'à se faire plaisir !