Éditeur : Rockstar Games
Développeur : Rockstar Games
Date de sortie : 18 mai 2012
Développeur : Rockstar Games
Date de sortie : 18 mai 2012
Avançant dans sa vie comme un
fantôme, Max Payne tente de retrouver la joie de vivre sur les hauteurs de Sao
Paulo. Depuis près de 9 ans, il lutte contre lui-même, s'enfonçant chaque jour
un peu plus tard dans la déchéance, à coup de litrons d'alcool et de clopes
fumées jusqu'à s'en brûler les doigts. Crachant ouvertement sur la société qui
le débecte, cet ex-flic s'inscrit totalement dans la mouvance Rockstar. Dan
Houser, par son écriture et son talent, lui offre un nouveau départ. Ou comment
rendre émouvante une épave à la dérive...
Le
Brésil. Pour un occidental qui ne fait que s'attacher aux infos relayées par
les médias, cette terre est un vaste nid de favelas dangereuses, de seins
refaits et de footballeurs surdoués. Si on cite souvent Rio de Janeiro comme
étant une plaque tournante pour les narcotrafiquants et autres gangs armés
jusqu'aux dents, la ville de Sao Paulo demeure l'une des plus dangereuses du
monde, avec un nombre record d'enlèvements. Le fossé entre les riches et les
pauvres est béant et le moindre objet de valeur attire l'attention. C'est
pourtant dans ce merdier sans nom que Max Payne a décidé de "refaire sa
vie". Sa mission, protéger des personnalités de la ville, quitte à
supporter les frasques insupportables de jeunes hautains qui n'ont de miséreux
que leur attitude. Tout aurait pu bien se passer, mais Max a le don pour
attirer les emmerdes. Une "simple" fête peut se transformer en un
véritable pugilat meurtrier en l'espace de deux minutes. Pas de doute, celui-là
n'aurait jamais dû se lancer dans la sécurité...
En
même temps, comment lui en vouloir ? Cela fait des années qu'il erre comme un
courant d'air, depuis qu'il a perdu sa femme et sa fille. Max Payne 3 prône le
bon goût cinématographique, les références à outrance, les clins d'œil aux deux
précédents volets et la finesse des dialogues. Le tout est servi par une
réalisation absolument mémorable, avec des environnements à la fois variés et
très détaillés (les intérieurs comme les extérieurs sont parfois bluffants de
réalisme). Notre héros, qui morfle méchamment (à la fois au présent mais aussi
au passé, via des flashbacks du plus bel effet), jouit d'une animation réussie
qui lui donne un air à la fois naturel et attachant. Bien évidemment, Rockstar
oblige, un soin absolu a été porté aux nombreuses séquences (jouables ou non)
amenant l'immersion à un niveau rarement atteint - l'IA s'en tire, comme
toujours avec Rockstar, très bien -. D'ailleurs, le doublage de Max, servi par
James McCaffrey, a un petit air d'Horatio Caine (des Experts à Miami) des plus
agréables. Sorti de là, il s'agit d'un jeu d'action à la troisième personne,
avec le retour du sacro-saint "bullet time", des gunfights par
centaine et de rares QTE pour saupoudrer le tout. Comme dans les Uncharted
& Co, il est possible de se planquer derrière un mur ou tout élément du décor
pour éviter de se faire trouer le derrière (l'interactivité avec l'environnement est quasi totale ). Du classique en somme, mais encore
une fois, ultra efficace.
Car
oui, même si la galette (ou les deux si vous jouez sur 360) ne réinvente rien,
elle démontre que maturité et jeu vidéo peuvent faire bon ménage. Les
associations bien pensantes fustigeront probablement la violence, la nudité,
les dialogues crus et l'hémoglobine par hectolitres, oubliant par la même
occasion que ce titre surpasse bien des productions du septième art. Le 18
qui s'affiche sur sa jaquette n'est pas là pour faire joli, on est dans un
monde dur, crasseux, où les balles fusent et où les gangs font la loi.
Meurtres, trahisons, vengeance, corruption... tous les ingrédients du parfait jeu d'action
sont réunis pour passer un moment exquis. Encore une fois, le doublage est dans
un anglais impeccable, avec un héros charismatique. Seul regret, les
sous-titres sont vraiment petits et manquent de visibilité, la faute à un gris
un peu dégueu. Malgré cela, il est difficile de lâcher la manette. On est
véritablement plongé dans l'histoire, en prenant le temps de débusquer les
quelques items à droite et gauche, notamment les analgésiques (pour restaurer
la santé de notre alcoolique bouffé par les évènements) et les pétards, tous
plus efficaces les uns que les autres. Mitraillettes, flingues, uzis... Max
n'est pas du genre à se battre avec un couteau de cuisine. A la rigueur, avec
une machette, pourquoi pas...
Les
culs qui bougent et les nibards qui bondissent laissent notre gaillard
indifférent. Sa mission est de protéger quelques gens de la haute société et il
va tout faire pour y parvenir. Y parviendra t-il ? C'est ce que je vous laisse
découvrir. La surprise est d'autant plus forte que de nombreuses scènes restent
dans les mémoires après avoir terminé le jeu. Rockstar a vraiment un don pour
la mise en scène, et vous aurez votre mâchoire décrochée à plusieurs
reprises. Certes, certains environnements sont un peu moins originaux que les
autres, mais ils ont tous été réalisés avec talent et passion. Max Payne 3 est
une réussite totale, marquée par une durée de vie convaincante (une douzaine
d'heures sans forcer), à laquelle il faut rajouter des modes arcade et multi.
Dans ce dernier, vous allez vivre des émotions intenses, d'autant plus si vous
créez votre propre gang. Que Famille de France se rendorme, ce n'est que du jeu
vidéo. Max est dans la lignée des flics s'enfonçant dans l'alcool et les
problèmes, comme on peut en voir dans certains films. Cet aspect de cinoche est
subtilement exploité mais il en résulte un trop grand nombre d'effets vomitifs
(plans qui se dédoublent, teintes vertes/rouges, etc). Un petit rééquilibrage à
ce niveau sera à effectuer pour une probable suite.
Pour
l'heure, délectez-vous de ce bijou, à la bande son tonitruante, à l'ambiance
prenante et au gameplay travaillé. Rockstar est parvenue à se réapproprier la
licence de fort belle manière, malgré les craintes, compréhensibles, qu'il
pouvait y avoir. L'un des jeux de l'année, assurément !