Test - Rayman Legends - Wii U/PC/360/PS3


Éditeur : Ubisoft
Développeur : Ubisoft Montpellier
Date de sortie : 29 août 2013

Après un Rayman Origins d'une qualité démentielle, tous les yeux se sont rapidement braqués vers sa suite : Rayman Legends. Pourtant, le développement fut assez chaotique, avec de multiples reports. Le point de rupture avec les fans a été atteint à quelques jours de la sortie initialement prévue sur Wii U. A la base, le titre d'Ubisoft était prévu pour le lancement de la console de Nintendo, avant d'être reporté pour la fin février 2013. Mais un coup de tonnerre a retenti en ce début d'année : la perte de l'exclusivité inhérente à la machine de Big-N et le report de la galette pour le 29 août. La grogne a été unanime chez les possesseurs de Wii U, certains allant jusqu'à revendre leur console. Pour faire passer la pilule, les développeurs ont proposé une application plutôt sympa, la Challenge App, avec des défis quotidiens à réaliser. Et comme bien souvent dans ces conditions, la colère a fait place au pardon : ce Rayman Legends, désormais disponible, est une pure merveille.

S'il y a bien une chose qu'on ne peut enlever à Ubisoft Montpellier, outre leur incroyable talent, c'est leur humour dévastateur. Dès l'introduction, le scénario et les tronches irrésistibles font mouche. Rincés après leurs dernières aventures, Rayman et ses potes décident de plonger dans un profond sommeil afin de se requinquer. Problème, leurs cauchemars font naître des créatures maléfiques qui prennent le contrôle sur la Croisée des Rêves. Ni une, ni deux, c'est au joueur qu'incombe la lourde tâche de ramener paix et volupté. Pas question de laisser faire ces monstres, c'est que nos héros ont un sommeil à terminer (qui pourrait de nouveau créer des ignominies, mais bon...) !

Étudié pour la Wii

Il est important de faire la distinction entre les versions PS3/360 et cette mouture Wii U. Ainsi, il suffit de prendre la manette sur les consoles de Sony et Microsoft pour s'apercevoir que le jeu a clairement été pensé pour la bécane de Nintendo, avec en ligne de mire le gameplay asymétrique. A plusieurs reprises, et c'est encore plus vrai lorsqu'on joue en coopération, le GamePad est sollicité pour faire intervenir Murphy, cette petite créature verdâtre qui suit Rayman. L'idée consiste alors à utiliser l'écran tactile de la tablette pour interagir avec le jeu. Dans le cadre d'une partie en solo, l'ordinateur prend le contrôle de Rayman (ou ses acolytes). On peut alors déplacer des plateformes, chatouillez des ennemis afin qu'ils se prennent une grosse baffe, éliminer des dangers (comme des flammes sortant des bords de l'écran), etc. Les possibilités sont très vastes et cette notion de gameplay asymétrique est carrément géniale en coopération. Votre serviteur joue souvent avec sa compagne et cette dernière adore colorer les Lums (pour leur donner plus de valeurs) ou surprendre les adversaires. Le "hic", c'est que ces interactions tactiles sont, sur les autres supports, l'apanage d'un seul bouton. Le magie se perd quelque peu et c'est encore plus vrai en coopération. Bien entendu, cela n'empêche pas Rayman Legends d'être une méga bombe sur tous les supports, et on va vous expliquer pourquoi. 

Nouvelle géné... quoi ? 

Loin des standards 3D, le jeu d'Ubi Montpellier démontre, une nouvelle fois, tout le potentiel de la 2D. Bien exploitée, celle-ci peut donner lieu de véritables œuvres d'art, même si les développeurs se sont permis quelques "extravagances" en matière de simili-3D. Ils se sont ainsi fait plaisir en intégrant de la profondeur aux différents niveaux traversés, certains allant même jusqu'à se jouer sur deux plans (pour les plus anciens, un peu à la manière de Top Hunter sur Neo Geo). On note également l'utilisation de multiples zooms, parfois très près de l'action, parfois plus loin pour que le joueur anticipe les obstacles. Chaque niveau, chaque thème graphique a fait l'objet d'un soin totalement dingue, surpassant à tous les niveaux Rayman Origins, ce qui est une prouesse tant ce premier opus est fantastique. Mais avant de s'intéresser à cette beauté visuelle totalement hypnotique, prenons le temps de présenter le jeu en détail. 

Un hub pour une maxi aventure

Pour accéder aux niveaux ou aux différentes épreuves, le joueur passe par une grande galerie principale, remplie de tableaux. Au fur et à mesure de la progression, les tableaux cadenassés deviennent accessibles et permettent de changer de personnage, de s'éclater sur une sélection des meilleurs niveaux de Rayman Origins ou encore de participer à des challenges (en ligne, on y revient) ou au Kung Foot, un mini-jeu totalement délirant. Une sorte de match de foot désopilant où la balle fuse dans tous les sens. On reconnaît bien là la patte hors du commun du studio montpelliérain d'Ubisoft. Bien évidemment, la progression reste classique, avec des niveaux à parcourir, des boss (absolument géniaux) à défaire, des courses-poursuites éreintantes sans oublier plusieurs phases de "plateforme musicale". Comprenez par là que chaque monde se termine par un niveau où l'action interagit en temps réel avec la musique. Et sur ce point, impossible de ne pas saluer le travail colossal de Christophe Héral, qui signe encore une B.O d'anthologie. Son ukulélé fait décidément des merveilles. De Black Betty en passant par une musique classique à une version acoustique (et un peu flamenco) d'Eye of the Tiger, l'immersion est incroyable. Cet homme est un génie et vous n'êtes pas prêts d'oublier les mélodies de Rayman Legends. 

Décollage de rétine

Avec sa difficulté bien dosée, ses secrets bien enfouis, ses ptizêtres à dénicher et ses milliers de Lums à sauver, Rayman Legends est une réussite totale, portée par une réalisation incroyable. Le niveau de détails, le level design, la patte artistique, la sélection des couleurs, les animations en arrière-plan, la beauté des effets spéciaux, la musique, la justesse dans les commandes... c'est une véritable leçon de game design et de bon goût qui est donnée à bien des studios de développement. On sent que le temps de production a été bien exploité pour rendre une copie parfaite. Même après plusieurs heures de jeu, on découvre de nouvelles choses, comme les fameux tickets à gratter qui donnent accès à des ptizêtres, des Lums ou encore des créatures qui pondent des Lums. Il y a donc largement de quoi faire, d'autant plus que le online n'a pas été oublié, avec des challenges inédits qui interviennent quotidiennement. Inutile d'aller plus loin, il faut l'acheter pour espérer un troisième volet. Un chef-d'œuvre absolu, à découvrir immédiatement. Et à ce propos, nous vous invitons à découvrir cette interview de Emile Morel, lead designer, lors du Paris Games Week 2012.


Ébouriffant ! La claque artistique est bel et bien là ! C'est magnifique de bout en bout, avec des détails dans tous les sens et des effets spéciaux à décrocher la mâchoire. Assurément l'un des plus beaux jeux de cette génération ! Et en 2D s'il vous plaît !



Les animations sont, encore une fois, un pur bonheur. Les mimiques des protagonistes sont à mourir de rire et la fluidité est constamment au rendez-vous. Quant aux mouvements de chaque héros, c'est carrément du délire ! Un vrai dessin animé !


Que ce soit sur Xbox 360, PC ou PlayStation 3, le gameplay est un modèle du genre, mais il gagne encore un galon sur Wii U avec l'apport du GamePad. Les idées des développeurs sont sans limite.



Si les bruitages sont ingénieux et vraiment excellents, la musique atteint carrément un niveau rarement entendu dans un jeu vidéo. Christophe Héral est un maître et le prouve à maintes reprises sur ce Rayman Legends. Magique et envoûtant !




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