Ma chère maman,
C’est ton fils qui t’écrit.
Quand tu recevras cette missive, je ne serai probablement plus de ce monde. En tout cas, le monde tel qu’on le conçoit. Mia, ma femme, m’a envoyé un message trois ans après sa disparition. Dans ma tête, tout s’est emmêlé mais il me fallait des réponses. Sans réfléchir, ou presque, j’ai pris ma voiture et j’ai roulé pendant des heures pour rejoindre la Louisiane et son célèbre bayou. Une fois sur place, le paysage était tel que je l’imaginais, avec ses grandes étendues d’eau, ses marais, ses cyprès et ses cheniers. Le décor, avec sa lumière tamisée, avait des airs de carte touristique. Malheureusement pour moi, pénétrer dans cette bâtisse a changé mon existence. À jamais…
En arrivant sur place, j’ai rejoint un sentier forestier avant de m’enfoncer dans une clairière et rien, dans mes premiers pas, ne pouvaient me préparer à ce qui m’attendait. Dans sa robe automnale, la forêt avait tout du parfait endroit pour se balader en famille… jusqu’à ce que je m’éloigne de la route. En chemin, j’ai été confronté à des rencontres peu communes. Après m’être débarrassé de quelques moustiques, j’ai avancé prudemment jusqu’à apercevoir un manoir, ou ce qui y ressemblait. C’est en ces lieux que Mia a effectué son travail de baby-sitting. Dire que je fus surpris est un euphémisme. Malgré le gigantisme apparent des lieux, tout respirait la caducité. Une grande et vieille bicoque délabrée s’élevait derrière une grille fermée à clé. Bloqué devant la bâtisse, il me fallait trouver un autre chemin. C’est alors que j’ai descendu un petit sentier et je suis tombé sur une étrange camionnette blanche.
Je ne comprenais pas. Qu’est ce qu’une équipe de tournage faisait dans un lieu pareil ? En me rapprochant, j’ai eu de sérieux doutes mais je ne pouvais abandonner. Mia avait besoin de moi. Près du véhicule se tenait du matériel de tournage ainsi que des documents éparpillés à même le sol. Prenant mon courage à deux mains, j’ai ouvert la porte coulissante de la camionnette et j’y ai découvert, apposé sur le siège arrière, une brochure. En réalité, il s’agissait d’une proposition de projet pour l’un des épisodes de l’émission Sewer Gators. Ce dix-septième épisode s’intitulait « S’introduire dans une maison fantôme en Louisiane ». Fantôme ? Cette maison ne peut être vide ! Mia y travaillait avant de disparaître ! Ne pouvant reculer, j’ai poursuivi ma route en passant devant un écriteau bizarre indiquant « Accepte ce don. » J’ai avancé et là… j’ai aperçu une silhouette au loin. J’ai continué mon chemin, l’homme avait disparu mais les lieux, pourtant horrifiants (un animal décharné, des scies circulaires accrochées dans les arbres…), m’ont persuadé d’aller encore plus loin. C’est ainsi que j’ai atteint un foyer encore fumant avec le sac de Mia et son permis de conduire. Ma femme ne pouvait être qu’à l’intérieur de cette maison, il me fallait des explications. Apeuré comme jamais, je suis entré…
Lugubre de l’extérieur, la maisonnée l’était encore plus à l’intérieur. Tout était vieux, sale, décrépi… les murs étaient lézardés, le plancher était cassé, tout n’était que crasse et nourriture innommable. Au départ, je me croyais seul mais j’ai vite compris qu’une famille vivait dans ce taudis. En montant au grenier, j’ai mis la main sur une cassette vidéo… que je me suis empressé d’aller insérer dans le magnétoscope du salon. Ce que j’ai vu… ne peut être raconté mais j’ai pu découvrir le triste destin de l’équipe du tournage de Sewer Gators. Ce visionnage m’a permis de comprendre qu’un mécanisme était caché dans la cheminée. Je me suis faufilé à l’intérieur de la trappe et j’ai pu rejoindre une petite salle allumée. Là, j’ai eu le bonheur de revoir ma femme, ma belle Mia, ma douce disparue depuis trois ans. Mais à son attitude, j’ai compris qu’il se passait des choses affreuses dans ce manoir. Elle semblait totalement effrayée. Je l’ai pourtant suivi mais elle se mit à perdre complètement la tête, devenant folle, m’attaquant avec tout ce qu’elle pouvait trouver de tranchant sous la main… J’ai… j’ai été obligé de me défendre… je suis retranché dans une salle, je ne sais pas ce qui va se passer désormais mais j’ai bien peur de ne jamais revoir la lumière du jour… J’ai réussi à écrire ce message et à le balancer par une fenêtre donnant sur la forêt. J’ai lancé avec le maximum de force qu’il me reste le papier en direction des arbres, je n’ai qu’à espérer que quelqu’un le lise, te le remette et appelle quelqu’un… Il se passe des choses anormales ici, Mia a parlé de « papa », il y a une famille qui agit de façon horrible ici… J’ai… J’ai vu une liste avec des noms de gens morts et qui ont muté… Je ne sais pas ce qu’il va m’arriver, je veux juste te dire que je ferai tout pour sortir d’ici. Mia est ici mais elle n’est plus elle-même… Vais-je devenir comme elle ? Seul le temps me le dira…
… mais je vais tout tenter pour sortir de cette maison de tarés.
Ton fils qui t’aime.
Voilà ce que j’aurais pu écrire si j’avais été dans pareille situation, à condition de ne pas être pétrifié de peur. Ce que je raconte par le biais de cette lettre fictive ne va pourtant pas plus loin que la première heure… mais la progression, lente, est un défi pour les nerfs. Pour Resident Evil VII, j’ai décidé, dès le départ, de m’imprégner de l’ambiance à travers le PlayStation VR. Dès lors que j’ai mis le casque sur la tête, il m’a paru impossible de repasser en « jeu standard ». Ce que vous allez vivre avec le jeu de Capcom n’a absolument aucun équivalent… que vous soyez habitués aux films ou aux jeux à tendance horrifique. C’est comme si vous vous retrouviez à l’intérieur d’un film, façon Blair Witch, dans un manoir type Resident Evil ou Code Veronica avec les jumeaux Ashford. Au départ, la bicoque semble vraiment petite mais il ne s’agit en fait que d’une dépendance. La bâtisse, en elle-même, est gigantesque. Lorsque vous pénétrez dans le manoir, Resident Evil VII prend tout son sens…
La peur au plus près
Avec la VR, on n’est pas devant son écran en train de flipper comme on le ferait devant un film. Non, on se retrouve à l’intérieur d’un film d’horreur, avec tout ce que cela comporte comme « jump scares » (les apparitions soudaines à glacer le sang), comme sons dérangeants et comme mise en scène à se taper une crise cardiaque. La famille Baker est juste… complètement tarée et capable de résister aux pires sévices. Et quand, casque sur la tête, on se retrouve à se planquer pour échapper à Jack ou à Marguerite, la tension n’a absolument aucun équivalent dans le domaine vidéoludique. Car les scènes, on les vit… littéralement ! On est à l’intérieur du manoir, on se retrouve à foutre des coups de couteau ou à tirer sur des créatures, on n’arrête pas de se pencher à chaque détour d’un couloir pour s’apprêter à se défendre en cas de surprise… et on hurle. Totalement.
Viscéral
Quand on parle de réactions viscérales, ce n’est pas une bêtise. Lorsqu’on se fait attraper ou qu’on prend des coups violents, ce n’est absolument pas comme voir un personnage se faire martyriser. Là, les coups, on ne les ressent pas mais c’est tout comme. Quand Jack, avec sa force herculéenne, vous soulève à deux mètres du sol et qu’il vous regarde avec ses yeux injectés de sang, l’immersion est décuplée. Les cris, on les pousse vraiment ! On flippe sa race comme jamais ! Ma femme m’a entendu hurler, elle est arrivée dans mon bureau en étant morte de rire. Car elle savait à quoi je jouais, je l’avais prévenu. D’ailleurs, il est préférable de prévenir vos proches avant chaque partie car ils pourraient vraiment se demander ce qu’il se passe… RE VII, par sa compatibilité totale avec le PlayStation VR et son retour aux sources, est une expérience absolument immanquable pour les fans de la licence. Mais pour cela, il est plus que préférable de faire la démo et de s’assurer de votre acceptation à la réalité virtuelle. On doit d’ailleurs souligner l’excellence de l’expérience. Les développeurs ont blindé le jeu en options et vous pouvez ainsi paramétrer la VR selon votre ressenti au motion sickness. C’est vraiment la voie à suivre pour les autres jeux VR.
Un Resident à l’ancienne
Forcément, avec une vue subjective, Resident Evil VII peut interpeler au départ. Mais très vite, on retrouve les codes de la série et on est totalement séduit par ce qu’on découvre. Les énigmes à base d’artefacts et d’objets à insérer sont toujours présentes et on se régale à arpenter les couloirs du manoir, en évitant (au maximum) les fous qui y ont élus domicile. D’ailleurs, cela va peut-être vous surprendre mais les moments d’action, avec des phases de combat, sont finalement bien moins nombreux qu’on pourrait le penser. À contrario, ils sont si intenses qu’ils laissent des souvenirs impérissables. Ce Resident Evil est un jeu avant tout d’ambiance mais son level design, sa gestion ingénieuse de l’inventaire et des munitions, son écriture maîtrisée font qu’on est happé. Du début à la fin, par sessions plus ou moins longues selon le niveau de tension supporté, ce RE colle une tarte.
Immersion totale
Techniquement, le jeu n’est pas irréprochable mais il est franchement super propre. Et celles et ceux qui craignent la baisse de résolution au PSVR peuvent se rassurer. Ce que l’on perd en finesse, on le gagne immédiatement en immersion. En réalité, ce jeu démontre qu’il n’y a pas besoin de graphismes hyper nets pour être scotchés en VR. Resident Evil VII est super bien foutu, très beau, bourré de détails et il suffit de pénétrer dans le hall principal du manoir pour s’en convaincre. Certaines zones et textures sont plus cradingues mais ça ne choque pas car l’ambiance, ultra dégueulasse, du jeu s’inscrit pleinement dans cette logique. Le manoir de Dulvey, par sa classe et son mystère, est un personnage à lui seul. Ethan Winters, quant à lui, n’a rien d’un membre d’une unité d’élite, c’est un mec comme tout le monde (bon ok, qui a un corps en titane quand même) qui n’a qu’un but initial : retrouver sa bien-aimée. Finalement, RE VII est un moment continuel de tension. Il n’y a que les salles de sauvegarde (qui font leur grand retour, avec le fameux coffre) qui vous permettent de souffler. Avant de ressortir et de continuer un périple qui va de surprise en surprise… et qui, après d’intenses hurlements, nous le confirme : Resident Evil, inspiré des premiers épisodes, est de retour et de fort belle manière. Il est cruel pour les nerfs mais que l’on aime ça !
Ma chère femme que j’aime, je m’apprête à allumer la PS4 pour jouer à Resident Evil 7. Par conséquent, si tu m’entends hurler, ne préviens pas les secours, cela ne reste qu’un jeu mais tu pourras continuer à te marrer en entendant les cris aigus de ton mari. Tu peux d’ailleurs profiter de ces moments car il faudra sans doute attendre un bon moment avant qu’un jeu d’horreur aussi abouti ne fasse son apparition. Une réussite monumentale, aussi bien pour les fans de la licence que celles et ceux qui aiment se faire peur. D’ailleurs, je ne sais pas ce qui s’approche mais… Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah (Mwahahahahahaha, rires lointains dans le salon).
Points positifs :
- La flippe, la vraie
- VR parfaitement calibrée
- Level design redoutable
- Narration et mise en scène réussies
- Resident Evil de retour !
Points négatifs :
- Aliasing prononcé en VR
- Manque de variété du bestiaire
- Doublage un peu caricatural parfois
- Quid de la replay value ? (malgré le mode Survie)
Éditeur : Capcom – Développeur : Capcom – Genre : Action/Survival – Sortie : 24 janvier 2017 – Plateformes : PS4, Xbox One, PC