Il
y a des hasards qui tombent parfois à point nommé. Quelques jours avant
l’arrivée de Ghost of Tsushima : Director’s Cut, j’ai découvert la
fabuleuse série-documentaire « Le temps des Samouraïs » sur
Netflix. Totalement happé par ce programme, je me suis délecté des 6 épisodes
retraçant l’Histoire du Japon, du règne du sanguinaire Nobunaga à la
réunification du pays par Hideyoshi pour terminer par la confrontation entre
Ishida Mitsunari et Tokugawa Ieyasu. Les reconstitutions sont si réalistes que
j’ai été imprégné par cette atmosphère. Aussi, prendre en main la nouvelle
itération des aventures de Jin Sakai était comme une suite logique. Déjà
sublime sur PlayStation 4, cet épisode profite pleinement des capacités de la
PlayStation 5, ajoute son lot de fonctionnalités et se pare d’un pan
scénaristique inédit. Comme prévu, j’ai été totalement conquis une seconde
fois.
Le héros de cette aventure, Jin Sakai, est un miraculé. Fortement malmené lors d’une invasion mongole, le samouraï à la barbe de trois jours est désormais l’espoir de toute une nation. Face au terrible Khotun Khan, descendant de Genghis Khan, l’armée japonaise n’a rien pu faire. Désireux de conquérir l’intégralité du territoire, l’ennemi avance dans les terres en massacrant la population et la motivation qui animait les troupes n’est désormais plus qu’un feu de paille. Sakai le sait : pour redorer le blason de son pays et reconquérir son île, il doit libérer son oncle, retenu captif, et recruter des femmes et des hommes prêts à se battre. Ainsi débute le périple d’un homme prêt à tout pour retrouver son honneur et sauver les siens.
TSUSHIMA,
TERRE DE LÉGENDES
Ghost of Tsushima a pour lui un cadre historique et géographique exceptionnel. L’île, qui fait partie de la préfecture de Nagasaki, bénéficie d’une nature abondante où se mêlent montagnes, forêts, rivières et, bien sûr, plages. Principale « barrière » entre le Japon et la Corée du Sud, c’est une terre qui a été le théâtre de nombreux conflits dans l’Histoire. Et en 1274, alors que les Mongols s’enfoncent dans les villages, c’est une terre hostile. Manieur de katana, Jin Sakai évolue dans un univers vidéoludique que l’on connaît, avec son système de missions principales et annexes, ses différents camps à libérer, ses habitants à sauver, ses rencontres aléatoires, etc. En matière de game design, Ghost of Tsushima ne réinvente pas la formule, mais son background et son HUD très épuré (un peu à la Breath of the Wild) font qu’on a le sentiment de découvrir quelque de nouveau, de rafraîchissant. Au gré du scénario – qui n’est pas d’une profondeur folle – on découvre les endroits emblématiques des lieux : le mont Shiratake qui culmine à 519 mètres, la plage de Komoda, le château de Kaneda (dont il ne reste aujourd’hui que des ruines), le château de Kaneishi, le mont Ariake, ou enocre le Temple de Banshouin. S’il est vrai que la carte, à défaut d’être petite, est parfois un peu vide, l’environnement est si immersif et magnifique qu’on plonge à corps perdu dans cette fable japonaise.
L’ÎLE AU VENT
Sans
doute conscient des ressemblances de leur jeu avec d’autres
« bacs-à-sable » triple A, les développeurs de Sucker Punch ont
intégré un concept fort ingénieux. Dans Ghost of Tsushima, le joueur peut à
tout moment frotter le pavé tactile de la manette pour que le vent lui indique
le chemin. Il suffit ainsi de suivre les bourrasques, artistiquement superbes,
pour atteindre son objectif. On profite ainsi de paysages majestueux (car il
faut parfois contourner une zone ou une falaise) et le jeu parvient à se passer
d’une mini-map. Bien évidemment, il est possible d’accéder à la map globale en
appuyant sur la touche avec les trois barres (l’équivalent du Start
quoi) et ainsi sélectionner la mission de son choix. Véritable ode au
voyage, Ghost of Tsushima a aussi pour lui des combats d’une nervosité rare.
Selon la posture adaptée (on les débloque au fur et à mesure, en zigouillant
les chefs de camp), Jin Sakai est à même de résister contre des archers, des
ennemis munis de lances, des épéistes, etc. Les individus sont de plus ou moins
importante corpulence et le frêle soldat que l’on incarne a plutôt intérêt à
esquiver, sous peine de valdinguer joyeusement dans le décor. Comme n’importe
quel open-world, on retrouve le schéma classique de l’arbre de compétences qui
permet, à terme, de balancer des bombes, de créer un nuage de fumée pour
disparaître, de lancer des kunaïs avec plus d’efficacité et bien d’autres. Et
quand on est encerclé, fuir est parfois la meilleure solution, malgré la
présence du système de lock (ajouté via une mise à jour cet été). À noter que
le jeu est saupoudré d’idées sympathiques, comme les duels (il faut maintenir
la touche triangle et la lâcher au bon moment) ou tous les aspects infiltration
avec les hautes herbes ou le crapahutage sur les toits.
UNE NOUVELLE CONTRÉE
Avec
sa quinzaine d’heures, Ghost of Tsushima est une œuvre qui n’est pas parfaite
(narration, intérêt des missions secondaires…), mais qui laisse un souvenir
inoubliable. On pouvait donc difficilement s’attendre à ce que le studio Sucker
Punch réussisse à aller plus loin en si peu de temps. C’est pourtant ce que
parvient à faire l’édition Director’s Cut sur PlayStation 5. Après la fin de
l’acte 2, le jeu s’ouvre sur l’île d’Iki, une zone inédite tenue par une
organisation secrète appelée l’Aigle. Devant lutter face à ses démons, Jin
Sakai se retrouve dans une situation difficile et les développeurs ont
soigneusement travaillé le récit et les quêtes qui en découlent. Moins
stéréotypé que l’aventure principale, cet arc narratif – plus sombre et
psychologique - s’accompagne de nouveautés intéressantes comme le cheval qui
peut charger, l’ajout de quelques techniques de combat supplémentaires ou des
défis rigolos (tournoi de bokken, mini-jeu musical…). Visuellement et
artistiquement, Ghost of Tsushima est une leçon, notamment en matière de
couleurs. Chaque lieu visité est un délice pour la rétine et les effets
(éclairages, pyrotechnie, volumétrie…) sont dingues ! Cette édition
Director’s Cut va encore plus loin en proposant du 60 images par seconde en 4K
pour un rendu démentiel et sans un seul ralentissement. Enfin, musicalement,
l’œuvre de Sucker Punch fait très fort en faisant appel aux instruments
traditionnels japonais (koto, shamisen…). Tout cet ensemble procure au jeu une
force visuelle et sonore fabuleuse et passer à côté serait une erreur.
EXCELLENT
Déjà
très bon sur PlayStation 4, Ghost of Tsushima se voit sublimé grâce à la
nouvelle génération de consoles. Direction artistique à tomber par terre,
animation ultra fluide, graphismes absolument divins, le jeu de Sucker Punch se
paye une cure de jouvence salvatrice. L’arc narratif inédit apporte un
éclairage très intéressant sur le passé de Jin Sakai et permet de profiter de
panoramas exceptionnels en plus d’un rythme maîtrisé. Immersive comme jamais, cette
édition Director’s Cut est une vraie réussite et il serait dommage de s’en
passer si vous disposez de la console.
Points positifs :
L’île d’Iki
est d’une beauté à couper le souffle
Plus beau et
plus fluide que jamais
L’arc narratif
inédit
Une ambiance sonore envoûtante
La DualSense au cœur du gameplay
Points négatifs :
L’extension
fait ressortir les défauts narratifs de l’original
Peu de
nouvelles techniques de combat
Combats
parfois confus
Éditeur :
Sony / Développeur : Sucker Punch / Genre : Action/Aventure / Date de
sortie : 17 juillet 2021 / Nombre de joueurs : 1 / PEGI : 18 /
Supports : PS5