Après une fin de carrière très mouvementée au sein de Konami, Hideo Kojima, l’un des noms les plus respectés de l’industrie du jeu vidéo, parvient à rebondir en créant son propre studio. Soutenu par ses pairs, il signe un contrat exclusif avec Sony Computer Entertainment et s’attache les services de Guerilla Games (Killzone, Horizon Zero Dawn…) et de son moteur-maison, le Decima. Pendant trois ans, une centaine de personnes – dont des têtes pensantes de Guerrilla – s’attèlent à matérialiser la vision du créateur japonais. Clivant, déstabilisant, mais aussi innovant et immersif, Death Stranding n’a aucun équivalent. C’est une expérience tellement à part que bon nombre de joueurs ne sont pas parvenus à entrer dans cet univers si particulier. Avec cette Director’s Cut, Kojima tente de faciliter l’intégration, au risque de dénaturer légèrement sa vision initiale.
Le décor planté par Death Stranding n’est pas idyllique. Touchés par des explosions d’une puissance colossale, les États-Unis ne sont plus qu’une vaste étendue sans vie (ou presque), frappée par des pluies acides et d’étranges évènements surnaturels. Dans le peu d’espoir qu’il reste, Sam Porter est un livreur indépendant qui fait transiter les marchandises d’un état à un autre, subvenant ainsi aux besoins vitaux des habitants terrés dans les bunkers, abris de fortune, bases souterraines ou encore villes-relais. À l’inverse de bon nombre de survivants, Sam a un certain potentiel pour repérer les Échoués (des âmes piégées entre le monde des vivants et celui des morts) et c’est ce qui lui permet de braver le danger. Pour autant, il n’est pas infaillible et un évènement va bouleverser son quotidien. Ayant pour mission de reconnecter les zones entre elles (via une sorte d’Internet appelé réseau chiral), en ralliant les peuples, le gaillard va devoir arpenter des kilomètres et des kilomètres, souvent à pied, parfois en véhicule. Et tout ça, en prenant en compte le poids de la marchandise – et l’organisation qui en découle. Certains n’ont pas tardé à parler de « simulateur de marche » tant les kilomètres parcourus sont colossaux, mais Death Stranding est bien plus que cela. C’est avant tout un jeu porté sur la connexion entre les individus, par le biais d’entraide diverses et variées. Comme le terrain est souvent accidenté, rempli de précipices ou encore de torrents, le joueur est amené à utiliser différents outils pour se frayer un chemin dans ces dédales propices à de sacrées gamelles. Échelle, corde, ponts, tyroliennes… le jeu met en exergue ces objets indispensables à la progression de Sam. Le démarrage est complexe, on lutte pour avancer, on tente de se faufiler parmi les Échoués et on essaye d’arpenter des dénivelés infernaux pour atteindre chaque objectif. Puis, petit à petit, le titre de Hideo Kojima nous happe et gagne en profondeur. On comprend alors qu’il y a plusieurs lectures à ce qui est en train de se passer sous nos yeux, ne serait-ce que par l’apport de personnages charismatiques et de séquences « Kojimiesques » qui mettent un uppercut. Et encore une fois, si on accroche à la formule, on prend une tarte. Dans ces conditions, qu’apporte réellement l’édition Director’s Cut ?
DE L’AIDE SUPPLÉMENTAIRE ET DU CONFORT
Kojima a bien compris que l’expérience pouvait être difficile à appréhender pour la majorité des joueurs et il a décidé, quitte à altérer sa vision initiale, de la faciliter. Par conséquent, en plus des outils de la mouture originale, Sam Porter peut désormais accéder à des objets inédits, et pas n’importe quoi. La catapulte de marchandises, comme le nom l’indique, propulse vos caisses à plusieurs dizaines de mètres (elles se posent en douceur grâce à un parachute) et vous pouvez ainsi gagner un temps considérable. L’autre ajout intéressant provient de la rampe de saut qui fait franchir des gouffres et autres précipices. Le joueur n’a plus besoin de contourner une zone entière pour atteindre son but. Enfin, le pont chiral a la même fonction que les ponts standards, mais ils sont holographiques. Ainsi, ils ne résistent pas à la pluie, mais sont plus faciles à transporter. Parmi les autres trouvailles de cette édition, on trouve le Mécabot qui vous suit partout (et plus seulement de manière sporadique). Tout cela participe à au confort d’une expérience qui s’appréciait auparavant grâce à sa difficulté. Ce confort passe d’ailleurs par l’arrivée du Roadster, un petit bolide avec lequel il est même possible de participer à des… courses. En dehors de ça, on trouve un stand de tir où l’on peut participer à des défis (avec classements), des musiques inédites (avec Wookid qui rejoint la playlist du jeu), des livraisons additionnelles ainsi qu’une mission inédite s’intéressant au passé de Porter. Tous ces ajouts font de cette Director’s Cut la version la plus complète et la plus agréable à découvrir. D’autant que la réalisation fait encore plus d’effet !
LA 4K AU SERVICE DE L’IMMERSION
En arrivant sur PlayStation 5, l’une des avancées les plus notables vient des chargements. Expéditifs comparés à ceux de la PlayStation 4, quelques secondes suffisent entre chaque chapitre ou transition pour poursuivre l’aventure. L’autre intérêt technique de cette itération concerne bien évidemment les graphismes. Grâce à une résolution revue à la hausse (en 4K, quoi) et un frame rate constant en 60 fps (en mode performances), Death Stranding est plus beau que jamais ! Et pour apprécier la bande son toujours aussi divine (en même temps, quand on voit les artistes, il y a de quoi), l’audio 3D apporte une petite touche supplémentaire non négligeable.
UNIQUE
Death
Stranding n’a pas d’équivalent dans le jeu vidéo. Si vous n’avez pas aimé l’original,
il y a de grandes chances qu’il en soit de même avec cette édition Director’s
Cut. En revanche, si vous étiez chagriné par certains aspects de l’œuvre de
base, cette nouvelle itération pourrait bien vous convaincre tant elle apporte
un confort, à la fois visuel, sonore et ludique, considérable. Les temps de
chargements sont quasi inexistants, la 4K rend hommage à une direction
artistique de haute volée et l’histoire, toujours aussi étonnante, finit de
transporter le joueur dans un monde à la fois terrifiant et onirique. Il est
vrai que la notion de « pénibilité » disparaît quelque peu avec cette
version, mais Death Stranding a enfin le mérite de s’ouvrir au plus grand
nombre et vous pouvez modifier pas mal d’options pour vous rendre la tâche plus
complexe, ne serait-ce qu’en choisissant un niveau de difficulté élevé.
Points positifs :
Le confort
apporté par cette Director’s Cut
Visuellement
superbe
Une ambiance
sonore juste incroyable
La connexion
avec les autres joueurs
La double
lecture du récit
Gameplay très
solide…
Points négatifs :
… sauf les phases
de shoot
Certaines nouveautés
altèrent la vision de l’auteur
Définitivement
clivant
Éditeur :
Sony Interactive Entertainment / Développeur : Kojima Productions /
Genre : Action-Aventure / Date de sortie : 24 septembre 2021 / PEGI :
18 / Support : PS5