Astro Bot : Le meilleur jeu de plateforme de Nintendo par Sony

Dans la nasse des jeux qui sortent tous les mois (en comptant les productions indés), le jeu vidéo est arrivé, à mon sens, à la croisée des chemins. Peut-être est-ce la nostalgie qui parle, mais j’ai cette sensation que le média était bien plus varié auparavant et je dois avouer que j’ai parfois du mal à m’enthousiasmer pour les propositions des dernières années. Bien évidemment, il y a des pépites qui sortent du lot, mais j’ai parfois l’impression qu’on nous sort tout le temps la même chose, à savoir du monde ouvert, du rogue-like, du soul-like et des trucs qui, globalement, ne m’intéressent plus du tout. Aussi, quand une œuvre aussi rafraîchissante qu’Astro Bot pointe le bout de son pixel, je vis cela comme un privilège.


Astro Bot est un peu à Sony ce que sont les Minions au studio Illumination. Créée par la Team Asobi, une division fondée par le Français Nicolas Doucet au sein de Japan Studio, la série n’était, à l’origine, qu’une démo technologique à destination de la PlayStation 4, mais le public a totalement adhéré à l’univers et l’éditeur a décidé de répondre à cet attachement en proposant, dans un premier temps, des sélections de mini-jeux avec Playroom et Playroom VR, puis une aventure exceptionnelle en VR intitulée Astro Bot Rescue Mission. Propulsée sur le devant de la scène, la licence a franchi une nouvelle étape avec la PlayStation 5 et le fabuleux Astro’s Playroom, un bijou exploitant à merveille l’écosystème de la PlayStation 5, à commencer par sa manette. Aussi, lorsqu’on a appris que la Team Asobi était au travail sur un tout nouvel épisode, notre palpitant s’est mis à battre très fort !


LE JEU VIDÉO, DIFFÉREMMENT

Cet Astro Bot nouvelle génération est le fruit de trois ans de travail pour une équipe de soixante personnes, et c’est un véritable bonbon ! À l’heure où les studios tentent de répondre à l’appel incessant du challenge et du « Whow effect », la Team Asobi prend tout le monde à contre-pied en modernisant le genre plateforme avec des idées à la Nintendo et des mécaniques faisant l’amour aux fonctionnalités de la DualSense. Pour mener à bien cette formidable épopée, les développeurs japonais ont rivalisé d’ingéniosité et de réflexion pour recouvrir de Post-it les murs de leur studio. Ils ont ensuite pioché dans cette myriade de notes adhésives pour expérimenter, itérer, réussir, échouer… et nous délivrer une véritable pépite, tant sur le plan ludique, sonore et visuelle. Si vous pensiez avoir à faire à un petit jeu de plateforme sans relief, détrompez-vous, vous allez en prendre plein la tronche.


Ode à la génération PlayStation, Astro Bot ne s’encombre pas d’un scénario alambiqué. Une nouvelle fois, l’extraterrestre – qui avait déjà causé des misères aux robots – a éparpillé les bots du petit Astro aux quatre coins de l’univers, en plus de briser en plusieurs morceaux son vaisseau spatial. Votre mission, si vous l’acceptez, est d’aller visiter les différentes galaxies pour récupérer chaque pièce vitale de l’aéronef et récupérer les 300 bots qui sont égarés dans le vide interstellaire. C’est vu et revu, c’est ultra classique dans la narration, mais la mise en scène et l’exploitation géniale du lore PlayStation font toute la différence. En effet, dans chaque niveau, il y a des bots « standards » à délivrer (certains étant bien planqués), mais aussi un ou plusieurs bots faisant référence aux franchises vidéoludiques de Sony.


On retrouve ainsi les personnages d’Uncharted, de God of War, de PaRappa the Rapper, d’Ape Escape, de Metal Gear Solid, de Crash Bandicoot, de Jak & Daxter, d’Ico, de Sly Racoon, de Journey, et bien d’autres. Les looks sont excellents et chaque monde s’achève avec un niveau bonus qui permet de revivre, sous le style Astro, les aventures marquantes de Nathan Drake, Kratos ou encore Spike qui passe son temps à capturer les petits singes espiègles. Ces découvertes sont absolument géniales, d’autant que le hub central – qui est une sorte de vaste désert – sert de base de bots et qu’il s’agit, là aussi, d’un monde à part entière. C’est en ce lieu que trône la PlayStation 5 (faisant office de vaisseau spatial pour nos amis robotiques) qu’il faut reconstituer. En ce sens, Astro Bot est un jeu extrêmement soigné et nous ne sommes pas au bout de nos surprises.


UN DÉLICE DE JOUABILITÉ

La série Astro, avant d’être une licence importante de Sony, était avant tout une vitrine technologique de PlayStation. Et sans surprise, on retrouve tout le charme et la précision des commandes des précédents épisodes dans cette aventure. Les personnages se manipulent avec une aisance insolente et tous les déplacements et actions sont renforcés par les fonctionnalités de la manette DualSense, à commencer par les sensations haptiques. On a ainsi l’impression de se baigner dans une piscine, de marcher sur le sable, de subir un choc, d’ouvrir une serrure, de dézipper la fermeture d’un vêtement, etc. En plus de ces délices numériques, Astro Bot fait des tas de clins d’œil à l’histoire du jeu vidéo en proposant des gadgets qui permettent d’activer différentes capacités. En plus d’être d’une ingéniosité et d’une variété folles, les niveaux sont accompagnés de séquences qui mettent en avant les pouvoirs obtenus par Astro. Pêle-mêle, il peut planer en ballon, se grimer en souris mécanique minuscule, arrêter le temps, se transformer en grosse éponge destructrice (une capacité vraiment très drôle), donner des gros coups de poing, accélérer subitement, etc. Bref, c’est du bonheur, chaque niveau est une découverte à la manière d’un Mario Galaxy et c’est d’autant plus agréable que les boss ont, eux aussi, fait l’objet du même soin. Dans leurs animations, la mise en scène, la manière de les vaincre… c’est encore une fois un sans-faute.


UNE DÉMONSTRATION TECHNIQUE

Ce qui est très fort avec Astro Bot, c’est l’avalanche d’effets à tomber par terre. Le jeu ne mise pas sur un aspect spectaculaire avec une mise en scène tapageuse, mais s’appuie plutôt que des éléments physiques et visuels hallucinants. Le tableau des effets proposés serait trop long à présenter avec exhaustivité, mais on en prend souvent plein les yeux grâce à des détails qui forcent le respect. Outre les animations contextuelles rigolotes très nombreuses (comme quand Astro prend peur, finit la tête dans le sable ou fait une photo à la Rayman en utilisant des cadres photo), le jeu démontre que la physique peut créer des sensations géniales. L’eau, le feu, la neige, le vent, les mouvements réalistes des objets, la profusion d’éléments à l’écran – comme des diamants par milliers qui agissent comme des antistress dès qu’on se met à patauger dedans – la poussière, l’aspect drapé des tissus, l’effet de flou sur les éléments lointains, et tant d’autres. Et que dire du nombre hallucinant d’animations, lorsqu’on débloque les personnages des zones de la Base des bots, qui sont des clins d’œil extraordinaires à la génération PlayStation. Astro Bot est une gourmandise qu’on déguste de bout en bout, mais le mieux, c’est vraiment de le découvrir de fond en comble et d’en prendre plein les mirettes et les oreilles. Car oui, encore une fois, les musiques de Kenneth C M Young sont absolument fantastiques et baignent dans des genres ultra variés : disco, rock, pop, dance, chill… Ne lésinons pas sur les mots, ce jeu est une expérience extraordinaire (mon fils ne s’en remet pas) et c’est, de très loin, mon jeu de l’année 2024 ! À vrai dire, il ne lui manque qu’une chose, une seule chose : la possibilité d’y jouer à 2. Un chef d’’œuvre, un p… de chef d’œuvre !
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