Spécialisée initialement dans les jeux micro, l’entreprise japonaise Micro Cabin est installée dans la ville de Yokkaichi. Très prospère dans les années 1980, la société de Naoto Oyachi a décidé de ne pas investir le marché de la Super Nintendo en raison de coûts de développement jugés trop élevés. L’entreprise a continué à créer des jeux PC pour ensuite tenter sa chance sur console lors de la génération 32-bits. Un temps tourné vers la PlayStation, Micro Cabin a finalement pris la direction de la SEGA Saturn après la décision du conseil d’administration. Dans une interview donnée à un journal local, il explique : « En termes de développement de jeu, SEGA était de loin supérieur à Sony. À l’époque, la plupart des jeux d’arcade les plus célèbres pouvaient être joués sur la Saturn. Beaucoup de gens pensaient que SEGA allait prendre l’ascendant. C’est pourquoi nous avons choisi de développer sur Saturn. En ce temps-là, à moins d’être un gros éditeur, il était rare de pouvoir développer sur Saturn et PlayStation. » Au Japon, la rupture a finalement eu lieu avec la sortie de Final Fantasy VII, qui a été un game changer pour Sony, et la PlayStation a ensuite pris les devants en devenant irrattrapable.
Micro Cabin va ensuite évoluer vers d’autres activités, mais il y a un jeu de cette compagnie qui m’a profondément marqué. Intitulé Riglord Saga en version japonaise puis Blazing Heroes aux États-Unis, le titre est connu chez nous sous le nom de Mystaria : The Realms of Lore. Dans mes souvenirs, c’est un jeu qui avait été plutôt bien accueilli par la presse à l’époque, ce que j’ai pu confirmer en replongeant dans mes magazines. Pour la version japonaise, si Joypad reste mesuré avec un 86 % en raison d’une animation un peu lente et une gestion de l’inventaire perfectible, Consoles + est totalement sous le charme de ce RPG tactique avec une note de 95 %. Il faut dire qu’à cette époque, le seul concurrent véritable est Arc the Lad sur PlayStation. Traduite en anglais, la version européenne recevra le même type de louanges, avec un 95 % dans Consoles +, un HIT 4 étoiles dans CD Consoles, 84 % dans Joypad, 87 % dans Mega Force ou encore 95 % dans Player One. Ce dernier magazine va même jusqu’à proposer un guide complet du jeu sur plusieurs numéros ! Bref, vous l’aurez compris, mais Mystaria, ce n’est pas n’importe quel titre.
En dépit des années qui
passent, Mystaria conserve cette touche graphique particulière et son
atmosphère unique. Si le jeu garde une place dans mon cœur de gamer, c’est
parce qu’il a réussi à me conquérir alors que je n’étais, à l’époque, pas du
tout un joueur de RPG et encore moins de Tactical-RPG. À première vue, il n’a
rien d’exceptionnel avec ses graphismes mêlant sprites et 3D, mais son système
de combat et ses angles de caméra font qu’on oublie l’aspect pixellisé de la
réalisation et le scénario passe-partout. Mystaria raconte les mésaventures
d’un prince qui a décidé de conquérir l’envahisseur de son royaume pour
retrouver le trône. Pour accomplir sa destinée et éliminer l’affreux Bane et
toute sa clique, notre brave gaillard va s’entourer de compagnons avec
différentes aptitudes. On arpente ainsi un monde constitué de montagnes, forêts
et autres villages en affrontant des hordes d’ennemis de plus en plus
puissants. Là où Mystaria a vraiment un truc en plus, c’est dans son gameplay
et sa proposition à la Shining Force. Les sorts sont variés, les personnages sont très différents
(il y a même un homme qui se transforme en dragon) et le jeu offre de
nombreuses options pour « quadriller » le terrain et le voir sous
tous les angles (avec zooms et rotations). Micro Cabin vient du monde PC et
cette proposition proche du wargame n’est pas anodine.
Pourquoi je parle de
Mystaria ? Tout simplement parce que j’ai décidé de refaire le jeu et sa
suite, en japonais, jamais sortie chez nous. Ayant quelques jours de vacances,
je me suis dit que j’allais relancer le premier épisode. Ce dernier m’avait passionné
à l’époque, mais je me souviens avoir galéré à passer le test de la montagne au
début du jeu. RPG tactique oblige, il faut jouer avec intelligence, analyser le
déplacement des ennemis pour les surprendre et mesurer l’impact de chaque
attaque et sort en fonction des faiblesses de l’adversaire. Cela parait ultra
basique, mais une fois dedans, on a bien du mal à en décrocher. Certes, il est
difficile, mais le jeu en vaut la chandelle comme on dit.
À l’heure où j’écris ces lignes, j’ai déjà bien avancé, mais Mystaria réclame quelques passages de levelling, notamment avant d’aller affronter les fantômes de la Tour de Muldiv. À l’aube de 2025, Mystaria : Realms of Lore peut sembler suranné, mais ma sauvegarde affiche 20 heures au compteur et je n’éprouve aucune lassitude, même s’il est nécessaire de le faire par petites touches pour éviter toute monotonie. C’est d’autant plus gratifiant que je suis arrivé à un stade du jeu qui est inédit pour moi. À l’époque, j’avais été incapable de réussir un passage de l’histoire, sans doute à cause de mon impatience et du côté justement répétitif (lorsqu’il s’agit de grimper les personnages en expérience). Là, c’est de la pure découverte, la bande-son est excellente et je comprends mieux pourquoi, en 1995 (puis en 1996 pour la version européenne), l’un des premiers RPG des consoles 32-bits a eu cet impact. Allez, j’y retourne, je viens de défier des pirates et je me rends sur une île paradisiaque (mais ô combien dangereuse).
Que j'adore ces premiers jeux de la Saturn collés à mes souvenirs de cette ambiance année fin 95 - 96. Les jeux étaient radicalement différents et allaient sans détour au principal qu'est le divertissement sans fioriture. Virtua Fighter, Daytona USA, Victory Goal, Rayman et ce Mystaria que ma soeur jouait. Quelle musique d'intro, écran titre en haute résolution et puis cette ambiance dans les combats. D'ailleurs, il me semble qu'il ne soit pas si long et c'est tant mieux ! Régale-toi !
RépondreSupprimerJ'en suis à 30 heures tout de même :) Tous mes personnages sont à fond et je suis prêt pour affronter la dernière phase du jeu. Ensuite, j'attaque pour la toute première fois Riglord Saga 2, la suite, qui est uniquement en japonais. Mais sait-on jamais, il existe peut-être une fan trad, faut que je regarde ça ^^
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